21 janv. 2011

Heinrich Kühn et le pictoralisme

L'Orangerie propose jusque samedi la première grande rétrospective de l'artiste.
Ces oeuvres photographiques se partagent dans 9 salles, et sont plutôt bien mises en valeur.

La première nous familiarise avec les deux techniques de tirages chères aux picturalistes : le platinotype et la gomme bichromatée. Les sujets sont presques exclusivements des paysages, souvent plongeant et absorbés de lumière.
Cette technique est assez singulière car elle donne une impression "délavées" aux sujets. Une sorte de flou esthétique, parfois voilé par des clairs obscures aux contours discrets.



La famille est ensuite présentée. Les photos sont très belles, même si l'on sent très vite la crispation des sujets à devoir tenir la pose, qui ne se veut pas toujours naturelle.

Les corps sont travaillées avec pudeur, et pris presque exclusivement dans des positions "à la volée" un peu à la manière des nus de Degas. Ils sont très souvent tournées de trois quart, le dos prend une large place dans la photo, les visages, parfois, sont reflétés dans les miroirs.


On retrouve son modèle de prédilection, Mary Warner, sur beaucoup de "tableaux de famille" et sur certains nus.
Une salle lui est réservée, où sa dense chevelure recouvre ses intimités et voile son visage. 
Cette gouvernante, aimée d'Heinrich, restera auprès de la famille jusqu'à sa mort, alors que l'épouse du photographe succombait assez rapidement à une maladie pulmonaire. 
Après les portraits d'ateliers qui répondent à une nécessité économique, les "paysages tardifs" de la fin de l'expo sont très interressants. 
Paradoxalement, la photo ici est plus légère que dans les premiers paysages, alors que les vues sont chargés de personnages.
Elle est dénuée de cette référence  aux peintures impréssionistes et la lumière est beaucoup plus discrète. 


La dernière salle est une projection d'autochromes tout à fait fascinants. La technique ne permet pas une reproduction sous forme d'impression. C'est une sorte d'aboutissment à ce flou des contours mis en couleur.
Une très belle découverte, effacée hélas par la rétrospective Monet à deux pas.






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